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Temple de huitième Art

Une mémoire revisitée
La reconversion de la synagogue de Matmata en un centre culturel dédié a la photographie
Projet d'application du mémoire d'architecture en 5éme année à l'ENAU
Fevrier 2020
Mention: Bien


Resumé: 

Ce mémoire est une réflexion sur la synagogue semi-troglodytique de Matmata, un édifice délaissé depuis les années soixante. Ce bâtiment se trouve aujourd'hui anachronique et risque de tomber définitivement dans l'oubli. A travers cette recherche, on essaye de restituer la mémoire du lieu et de la transmettre par l’interprétation. Étant un témoin architectural unique, on tente à mettre en valeur cet édifice et à le revisiter à travers la reconversion architecturale.
 

Extérieur

Motivation

Lors de mes visites à Matmata, j’étais toujours fascinée par le paysage exceptionnel de ce village millénaire et le savoir-faire constructif local de ses habitants. Toutefois, émouvante était ma première rencontre avec un édifice étrange. Abandonnée, une construction ayant une allure rectiligne dans ce tissu organique spécifique de ce village berbère m’a interpellé, j’étais impressionnée par le charme de cette construction atypique «de quoi s’agit-il? » Cette curiosité était oubliée pour quelque temps jusqu’à une deuxième rencontre. Lors de l’exploration du livre Synagogues de Tunisie, monuments d’une histoire et d’une identité1 qui s’intéresse aux synagogues en milieu berbères. C’était le moment où j’ai réalisé qu’il s’agit d’une «Synagogue». J’avais alors envie de revenir sur les lieux. Toutefois ma réaction était mitigée. L’état actuel de cet édifice délaissé était désolant. Une telle architecture passe petit à petit dans l’oubli. Beaucoup de questionnements s’imposaient et m’ont poussée à les développer dans ce mémoire d’architecture. 

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Problématique 

« L’architecture est le témoin incorruptible de l’histoire » Octavio PAZ

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Abandonné dans les tertres de Matmata, un édifice étrange présentant un style mystérieux entre l'apparent et le caché nous invite à le comprendre en vue de restituer sa mémoire. En effet, faute de sources historiques et de documents d'archives on ne trouve ni la date précise de sa construction ni des informations sur les usagers qui l'ont occupé. Un « témoin rare » passe dans l’oubli, après la vie qu'il a vécu, cet édifice souffre d’une mort clinique. Dans l’oubli, il perd ses battements et reste suspendu dans le temps. 


Ni son passé est reconnu ni son futur est connu, la synagogue de Matmata se trouve aujourd’hui anachronique. Une telle architecture dépasse les dimensions matérielles pour transcender et atteindre les dimensions immatérielles, ce qui légitime sa considération comme un patrimoine socio-culturel. En passant devant cette ruine délaissée et même marginalisée et déniée à cause de ses origines juives, ce malheur senti profondément n’est né ni de ses liens religieux, ni de la sympathie ethnique mais d’une perception plus large de notre histoire, de notre patrimoine et de ce que construit cette histoire et cette identité spécifiques à notre société diversifiée et riche. 


Cette grande déception s’aggrave encore plus lors de notre recherche dans les archives. Dans chaque essai pour dévoiler l’histoire de cette construction, les obstacles confrontés se transforment en un défi, et nous incitent à lancer une piste de recherche profonde dans la mémoire visant la pratique architecturale. 

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Comment peut-on, à travers l’architecture, revisiter cet édifice, l’actualiser et l’adapter aux besoins de la vie sociale et culturelle actuelle ? 

Alors comment réalise-t-on de l’intervention architecturale sur la synagogue, à la fois, la restitution et la transmission de sa mémoire ?

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Méthodologie

 Ce travail est au premier lieu un essai de restitution d’une mémoire oubliée. Il fallait tout d’abord découvrir l’histoire de l’édifice, puis reconnaitre sa valeur architecturale afin de trouver un processus de transmission de cette mémoire et intervenir sur le patrimoine existant. 


L’architecture et son usage évoluent au cours du temps. Elle ne s’attache pas seulement à la continuité ou discontinuité spatiale mais aussi à la continuité temporelle. Pour commencer, il convient de parler et d’insister sur le fait matériel de l’architecture, Elle s’inscrit dans les trois dimensions spéciales. Mais ce qui est plus intéressant, est de révéler les dimensions cachées de cet espace conçu. Condamnée, l'architecture occupe un lieu, et par ses dimensions cachées, elle essaye de s’échapper et survivre souvent pour longtemps. Notre prospection se base ainsi sur les trois temporalités continues de l’architecture.

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Comme on se trouve face à un édifice sans histoire écrite, on a commencé par une collecte des informations concernant la genèse de la synagogue de Matmata basée sur une recherche bibliographique profonde, une enquête sur site et une analyse architecturale « in-situ » et ceci dans le but de connaitre, faire reconnaitre et transmettre la mémoire de l’édifice. « L’histoire sociale de nos territoires trouve une prolongation dans l’usage contemporain »* , par conséquent, notre deuxième objectif sera l'intervention sur cette synagogue afin de réanimer l’édifice et sensibiliser la communauté locale à sa valeur. Afin d’accomplir ces objectifs on opte à un processus de recherche progressif. Ce travail s'articule autour de trois grandes parties.


* DRAY (J.) « Avant-propos », in DAMM (P.) (dir.), Rénover, réutiliser, reconvertir le patrimoine : actes du colloque régional, Paris, Somogy éditions d'art, 2015 (ESSAI SOMOGY), p.9
 

Interieur

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Plan Masse

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Conclusion générale

A travers ce mémoire on a essayé de manifester la dimension invisible d'un édifice fragilisé par sa propre histoire. Les souvenirs divergents entre la fascination et la tristesse met en question l’état actuel de l’édifice étant un patrimoine architectural qui risque de disparaitre. On cherche alors à établir un dialogue architectural entre ce bâtiment et son contexte.


Le premier défi était de montrer la valeur historique d’un édifice perdu et oublié. Face aux problèmes idéologiques, cette synagogue était rejeté par les matmatis. Étant un témoin unique de l'ancienne présence d'une communauté et de l'architecture à la fois troglodytique et juive, sa mise en valeur légitime notre intervention. Malgré l’état dégradé de la synagogue, elle persiste encore contre l’inconstance spatiotemporelle. L’oubli, qu'il soit conscient ou inconscient, a fait entrer cette architecture dans un état de repos en attendant le moment de renaissance.


Notre réflexion sur ce lieu s’inspire à la fois de l’authenticité d’une architecture en ruine et de sa fragilité perceptible. Il s’agit donc d'un moment de renaissance et de réinsertion dans le fil du temps. On essaye par ce projet architectural de transmettre la mémoire du lieu par sa réécriture. On opte à revisiter cette mémoire à travers la reconversion architecturale de la synagogue semi-troglodytique de Matmata en un centre culturel dédié à la photographie.


L'intervention qu'on propose ne se limite pas uniquement à une réflexion autour des valeurs et potentialités de cette synagogue mais aussi elle s'intéresse à tout patrimoine architectural délaissé et méconnu en Tunisie.

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Plan RDC 

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Plan Etage 

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Coupe 1

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Coupe 2

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Coupe 3

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Coupe 4

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Coupe 5

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